Pour Aristote, « imiter est naturel aux hommes et cette tendance est manifeste dès leur enfance ». Platon se méfie de l’imitation en ce qu’elle n’est qu’artefact de la réalité, il refuse la présence d’artistes dans la cité parce qu’en imitant, ils bercent d’illusions.

Chez Jacques Asserin, l’intérêt pour l’imitation relève plus de l’humilité que l’affiliation aristoténicienne, il refuse de jouer les démiurges. « A part Dieu, personne ne peut créer, par contre on peut imiter. Le terme création est très discutable, créer c’est partir de rien, cela me semble impossible ».

La dernière étape, essentielle pour Jacques Asserin réside dans l’accrochage. « C’est la finalisation du travail ». Il identifie cette phase à une installation. Il la verrait volontiers évolutive, voire participative, le public donnant son avis. Jacques Asserin aimerait travailler comme un musicien, comme Coltrane qui déclarait à un journaliste : « Je voudrais créer des climats qui agissent sur les auditeurs ». Il est indéniable que sa peinture reflète une impression de fluidité, quasi insaisissable, à la limite de la dilution. « Il y a de l’effacement et de la découverte, c’est ce qui m’intéresse ». L’élément liquide l’inspire également, surtout depuis qu’il s’est établi en bord de Seine : « la surface de l’eau est difficile à lire, elle change tout le temps ».

Jacques Asserin se définit comme un artiste minimaliste par les motifs qu’il aborde, en opposition avec le côté baroque de la nature. Il l‘est également dans sa démarche : « A partir d’images quasiment abstraites, je tente de partager un petit moment de battement, de doute, de réflexion ».


Hubert Legras
     
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